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Le 25 janvier 2018, Diren Coşkun, détenue trans, a entamé une grève de la faim totale dans la prison de Tekirdağ, où elle est incarcérée depuis le 14 août 2017.
Qui est Diren?
Diren est une trans, kurde et alévie de Dersim, anarchiste et activiste, membre de l’association Keskesor LGBTI Amed.
Elle a été arrêtée le 14 août, au Palais de Justice de Diyarbakır (Amed) où elle s’était rendue afin d’obtenir son code d’accès à E-Devlet [Traduisez, “E-Etat”, un système en ligne fourni par l’état, utilisé pour des démarches administratives]. Pendant la vérification de son identité, on lui annonça qu’elle avait été condamné à une peine de prison confirmée [par la Cour d’appel], pour “appartenance à une organisation [entendez “illégale” donc “terroriste”] et pour propagande pour celle-ci. Sa condamnation étant “confirmée” elle fut donc arrêtée et incarcérée.
Elle est détenue dans la prison d’hommes de Tekirdağ, en isolement, “pour sa sécurité”, comme c’est le cas, pour la majorité des détenues trans. Les détenues trans, en cours de traitement avant opération, ou souhaitant se faire opérer, rencontrent des blocages des administrations des établissements carcéraux. Non seulement elles subissent l’isolement, agressions et discriminations dans leur quotidien, mais aussi, leurs accès aux traitements et à l’opération sont quasi systématiquement empêchés.
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Il se trouve que pour chaque cas de figure, il est nécessaire de mener une bataille à la fois administrative et juridique, à l’intérieur du système carcéral, mais aussi à l’extérieur, avec le soutien des organisations de société civile, des personnes solidaires et les médias alternatifs. Et dans le milieu carcéral, même si les revendications concernent les droits les plus fondamentaux, le moyen de les obtenir passe par des méthodes radicales.
Diren est donc en grève de la faim !
C’est par l’intermédiaire de Kıvılcım Arat, militante et responsable de l’Association Solidarité LBTI+d’Istanbul, que nous apprendrons le message de Diren : “Ici, je suis victime de nombreuses pratiques contraires aux droits humains. Je condamne mon corps à la mort pour réclamer l’arrêt de l’isolement dont je suis victime et pour obtenir l’accès aux opérations et au suivi médical qui me sont indispensables. Je souhaite donc alerter l’opinion publique démocratique grâce à cette action de grève de la faim illimitée, jusqu’à la mort. Si mes droits d’accès aux opérations et à un suivi médical sont niés et que l’isolement qui pèse sur moi n’est pas levé, je ferais dans ce cas le choix de la mort.”
Diren parle de Buse, une co-détenue trans et qui attend son opération, elle, depuis 5 ans :“Maintenant ils veulent me faire vivre la même chose à mon tour. Je ne veux pas subir le même procédé que Buse. Ce qu’ils font, est pire que de tuer. Je n’ai rien à perdre”.
Diren affirme qu’elle a fait trois tentatives de suicide : “Je suis emprisonnée depuis le mois d’août et pourtant encore maintenant, je dois déposer une demande écrite pour obtenir ne serait-ce qu’une pince à épiler. Je n’ai accès qu’aux produits masculins lorsque je cantine. Si une personne fait trois tentatives de suicide depuis son emprisonnement, c’est bien qu’il y a un problème non ? Malgré mes trois tentatives de suicide, il n’y a pas eu un geste en direction de mes revendications. Dans la prison numéro 2 de Tekirdağ, nous sommes sans cesse confrontées aux privations, à la négation de nos droits, à l’exploitation, aux menaces et aux abus. Moi-même je suis sans cesse sous la pression de menaces de la part de la direction de la prison qui tente de stopper ma grève de la faim. Vous me menacez de punitions ? Moi, j’ai accepté la mort. Alors de quelles punitions me parlez-vous ?”
Diren poursuit sa grève de la faim…
Le 6 Février dernier, Kıvılcım Arat a annoncé par une nouvelle déclaration qu’elle débutait à son tour une grève de la faim, en solidarité avec Diren et afin de faire entendre sa voix.
De nombreuses associations et personnes LGBTI, ont fait appel, pour soutenir Diren et élever la voix pour elle.
Kedistan se joint à l’appel de “l’Initiative de Solidarité avec Détenue Trans Diren Coşkun”, et appelle ses lectrices et lecteurs à la solidarité avec Diren.
Une pétition en ligne circule pour exiger la libération de Diren :
SIGNONS LA EN MASSE !
Nous relayons également le communiqué suivant… Il est important de savoir que Diren est loin d’être un “cas isolé”. L’oppression qu’elle subit est très généralisée. Le communiqué qui suit, parle aussi d’Ali Erol, et d’autres personnes….
Communiqué de soutien à Diren Coşkun,
Ali Erol et aux militantEs LGBTI+ révolutionnaires en Turquie
Diren Coşkun, membre de l’association LGBTI+ “Keskesor”, est une femme trans de Turquie, prisonnière politique.
Diren Coşkun a débuté une grève de la faim le 25 janvier, pour défendre ses droits en prison et obtenir l’accès aux opérations et au suivi médical qui lui sont indispensables dans le cadre de sa transition.
Alors qu’elle a commencé sa grève de la faim depuis plus de 17 jours [19 à ce jour, le 13 février], elle subit la pression de la direction de la prison qui la menace sans cesse.
Kıvılcım Arat, responsable de l’association “Solidarité LBTI+” d’Istanbul, a rendu visite à sa camarade emprisonnée depuis le mois d’aout 2017 et transmet le message de Diren Coşkun :“Ici, je suis victime de nombreuses pratiques contraires aux droits humains. Je condamne mon corps à la mort pour réclamer l’arrêt de l’isolement dont je suis victime et pour obtenir l’accès aux opérations et au suivi médical qui me sont indispensables. Je souhaite donc alerter l’opinion publique démocratique grâce à cette action de grève de la faim illimitée, jusqu’à la mort. Si mes droits d’accès aux opérations et à un suivi médical sont niés et que l’isolement qui pèse sur moi n’est pas levé, je ferais dans ce cas le choix de la mort. Je suis emprisonnée depuis le mois d’août et pourtant encore maintenant, je dois déposer une demande écrite pour obtenir ne serait-ce qu’une pince à épiler. Je n’ai accès qu’aux produits masculins lorsque je cantine. Si une personne fait trois tentatives de suicide depuis son emprisonnement, c’est bien qu’il y a un problème non ? Malgré mes trois tentatives de suicide, il n’y a pas eu un geste en direction de mes revendications. Dans la prison numéro 2 de Tekirdağ, nous sommes sans cesse confrontées aux privations, à la négation de nos droits, à l’exploitation, aux menaces et aux abus. Moi-même je suis sans cesse sous la pression de menaces de la part de la direction de la prison qui tente de stopper ma grève de la faim. Vous me menacez de punitions ? Moi, j’ai accepté la mort. Alors de quelles punitions me parlez-vous ?”
“Dans la prison de Tekirdağ, il y a deux prisonnières trans perdues au milieux de milliers d’homme qui sont chaque jour poussées à la mort. Des infirmiers aux médecins de l’hôpital de la ville, des agents pénitenciers jusqu’à la direction de la prison, tous sont partie prenante de ce mécanisme d’oppressions.” Selon Kıvılcım Arat, pousser les prisonnières à la mort est un scénario récurrent dans la prison numéro 2 de Tekirdağ.
Depuis l’année dernière, le gouvernement Turc réfléchit à créer des prisons spécifiques pour les personnes trans afin de les isoler encore davantage et d’avoir les mains libres pour les oppresser en toute impunité.
L’arrestation de Diren Coşkun est à replacer dans un contexte plus large de répression violente envers les groupes politiques et les personnes LGBTI+ en Turquie.
Nous n’oublions pas les tortures infligées à Esra Arıkan, femme trans incarcérée en Turquie. Nous n’oublions pas le meurtre transphobe de Hande Kader. Nous n’oublions pas le meurtre de Wisam Sankari, réfugié syrien gay. Nous n’oublions pas toutEs les autres.
Vendredi 02 février, c’est le fondateur historique de l’une des plus grandes association LGBTI+ de Turquie, « KAOS GL » qui a été arrêté à son domicile par les forces de sécurité Turques.
Ali Erol a fondé KAOS GL en 1994 avec d’autres militantEs et l’association a toujours dû lutter contre la répression étatique. Ali Erol a déjà été arrêté en 2016 pour”propagande” contre le pays.
“L’arrestation d’Ali Erol, un activiste de premier plan du mouvement LGBTI+ montre une fois de plus comment est respectée la liberté d’expression en Turquie” a déclaré KAOS GL dans un communiqué. “La liberté d’expression est un droit fondamental. Les droits des LGBTI+ sont des droits humains. Nous exigeons que notre cofondateur Ali Erol soit libéré immédiatement”.
Nous exigeons la libération immédiate de Diren Coşkun et d’Ali Erol ainsi que celle de toutEs les prisonnierEs politiques en Turquie.
*
Les luttes LGBTI+ sont internationales !
Solidarité avec nos camarades LGBTI+ révolutionnaires !
Nous exigeons l’arrêt immédiat des attaques sur Afrin !
Solidarité avec la TQILA (The Queer Insurrection and Liberation Army)
membre du Bataillon International de Libération qui combat en Syrie et au Rojava !
Signons la pétition pour exiger la libération de Diren !
AJOUT du 20 février 2018
Au 27ème jour de sa grève de la faim, nous amiEs, membres de famille et avocatEs de Diren, sommes allés, à la prison de Tekirdağ où elle est incarcérée. Bien que nous ayons commencé la journée en prenant l’information sur l’interdiction de visite pour Diren, nous nous sommes entretenuEs avec l’administration de la prison, sur les premières revendications de Diren, qui sont, épilation, alimentation décente et la fin des attitudes discriminatoires qu’elle subit en liaison avec son identité trans, de la part du personnel de la prison, et nous nous sommes misEs en accord. Nous avons fait savoir à Diren, que dans les jours à venir, sa famille, amiEs et avocatEs, suivrons le processus juridique afin qu’elle obtienne toutes ses revendications. Lors de l’entretien que nous avons fait avec elle, elle a affirmé qu’elle a décidé, dans le cas de coopération de l’administration de la prison lors de ce processus, pour les pas en avant concernant ses revendications, de suspendre sa grève de la faim. Diren, a exprimé qu’elle remercie particulièrement toutes celleux qui sont solidaires avec elle, et a demandé que ses amiEs qui ont commencé simultanément des grèves de la faim arrêtent leur action. Suite à cette appel, Kıvılcım Arat a également arrêté sa grève.
En tant que le groupe de solidarité avec Diren, nous informerons plus en détails, dans les jours à venir. Nous remercions toutes les personnes qui ont fait écho à Diren.
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